Juin 2004, je viens d’entamer mes 30 ans et je sors d’un divorce difficile et pour voir plus clair et faire le point sur ma vie j’ai la folle idée de me lancer sur le chemin de Compostelle. Sentier plus que millénaire (l’origine du sentier remonterais à l’an 813), autrefois servant aux indulgences et à la démarche spirituelle, aujourd’hui étant marché par ceux et celles cherchant une aventure initiatique ou la réalisation d’un exploit « sportif ».
Je décidai donc sans aucune expérience de voyage ni de préparation physique de me lancer. Je me revois prendre l’avion (une première pour moi), me retrouver seul face à moi-même sans personne pour m’épauler (une première pour moi) et partir le cœur rempli de belles images et de croire que tout irait bien, que tout serait mystique, magique… Que dans le tumulte que je venais de traverser, ce moment accordé à moi-même allait au final me permettre enfin de m’arrêter, penser et faire le focus sur les bonnes choses à faire et prendre des décisions pour la suite. Comme j’étais naïf …
Mon périple sur le Camino Frances (le chemin français) débutait à Saint-Jean-pied-de-Port, dernière étape française du chemin de Compostelle, au pied de la chaîne de montagne des Pyrénées, aux limites de la frontière franco-espagnole.
J’avais pris une chambre dans un gîte du passant « Sous un chemin d’étoiles », recommandé dans tous les ouvrages traitants du chemin. Il était à l’époque la propriété de Jean Hites, un joyeux et fier Basque qui m’accueilli à même ses propres appartements privés. En 3 jours une franche amitié pris racine. Je me revois encore l’avant-veille de mon départ en train de souper avec mon ami Jean, bonne bouteille de rouge et cassoulet maison (sa spécialité) et lui parlant de mon vécu et de ce qui motivait mon désir de faire le chemin… Jean, du haut de ses 6 pieds et de son physique de marcheur aguerri et moi de mes 5 pieds 6 pouces, avec mon surpoids et mon cœur rempli de bonnes intentions étions volubiles, le fameux Bordeaux rouge aidant.
Jean me dit alors « Hé oh… petit, je t’écoute et tu ne cesses de dire je vais faire le chemin. On ne fait pas le chemin, c’est le chemin qui nous fait! »
Moi de lui répondre « Voyons Jean, JE vais faire le chemin et JE vais monter cette montagne! »
Jean éclate de rire « Putain Yannick, tu vas mourir demain dans cette foutue chaîne de montagne, tu vas râler et va vouloir revenir dans ton petit nid douillet, crois-moi, j’ai fait ce foutu chemin plus d’une fois, à chaque fois il te casse! »
S’en suivi un long silence, suivi du rire gras de Jean. « Allez petit, au pieux, tu en aura besoin demain matin, tu pars avant l’aube ».
J’allais donc me coucher et penser fébrilement à ce grand départ pour moi.
4h du matin je me joins aux marcheurs qui partent aux petites heures du matin pour faire l’ascension des Pyrénées pour me rendre à Roncevalles, 1ère étape en terre espagnole au Monastère de la Collégiale de Roncevaux (fondée au XIIe siècle). Je me revois tout petit en bas de la chaîne de montagne.
Le cœur léger j’entreprends ma montée, mais après plus de 4 heures je n’en peux plus, je craque. L’effort physique est trop pour un homme de mon gabarit. Je sais que je suis à mi-chemin et que je n’ai pas le choix, revenir ou finir, mais tout de même encore 5 h de marche à faire. Je suis par terre, je pleure ma vie et j’entends encore mon fameux Jean dans ma tête : « Putain Yannick, tu vas mourir demain dans cette foutue chaîne de montagne, tu vas râler et va vouloir revenir dans ton petit nid douillet, crois-moi, j’ai fait ce foutu chemin plus d’une fois, à chaque fois il te casse! »
Au plus profond de mon désespoir, s’arrête à mes côtés Giovanni, un vieil italien de 82 ans qui me baragouine dans un anglais dysfonctionnel et qui me demande ce qui se passe. Je lui raconte donc mon aventure. C’est alors que Giovanni me dit « Yannick, tu n’as plus la force de marche pour toi… alors marche pour quelqu’un d’autre, une personne que tu aimes et qui t’a marquée à un moment de ton existence ».
Giovanni décide de faire le reste de l’étape à mes côtés. À plusieurs reprises je me suis effondré n’ayant plus la force. Alors il me disait « Très bien Yannick, tu as assez marché pour cette personne, tu l’as remerciée, maintenant marche pour une autre » J’ai ainsi marché le reste des 5 h en passant en revue tous les êtres que j’ai aimés et qui m’ont aidé, marqués dans ma vie.
Je suis finalement arrivé à 9h le soir au monastère à Roncesvalles, accueilli par tous les marcheurs avec qui j’avais débuté le matin. C’est alors qu’une chose merveilleuse s’est produite en moi (j’en ai encore des frissons à vous le relater » une expérience mystique … j’ai compris … mais compris quoi?
Que le chemin on ne le fait pas, c’est lui qu’il nous fait ! C’est le chemin qui m’a « cassé » comme le disais avec vérité mon cher Jean (Dieu ai son âme, il nous a quitté) J’ai compris que la montagne, était en fait ma propre vie. Je regardais avec arrogance ma vie, ma montagne (on a tous une montagne » et je pensais être au-dessus de tout, maître de tout et que j’avais la prétention de tout savoir et de tout résoudre.
Quand on ne sait plus faire face à la montagne, au défi, à l’épreuve qui est devant nous, on doit faire ce que Giovanni m’a appris : ne pas voir l’ensemble, la grosseur de la tâche, mais bien fractionner en tronçons, en morceaux, en étapes… avancer… à pas de bébé, lentement, mais surement !
Tel nous devons tous gravir et aborder la, les montagnes qui se présentent à nous dans nos existences. Ne pas regarder le haut tout de suite, devant l’ampleur de la tâche à accomplir, mieux vaut cheminer, avancer, gravir… un pas à la fois. Au final, nous finissons tous et toutes par gravir la plus haute des montagnes !
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